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Le saviez-vous ? La cour des Miracles. Quand paris, dont notre quartier, comptait de grandes zones de pauvreté et de non-droit

C’est dans le livre Notre-Dame de Paris de Victor HUGO que la cour des Miracles a été rendue célèbre. Le mythe de la cour des Miracles est assis. Cet ouvrage a été publié en 1831, l’édition définitive sera quant à elle publiée en 1832 et rencontre un vif succès. L’action se situe au Moyen-Âge alors même que ces zones de non-droit ne voient véritablement le jour qu’à partir du XVIe siècle. Considérée comme une lecture pernicieuse par l’église catholique, Notre-Dame de Paris fait partie des romans mis à l’index en 1834. De nombreuses adaptations en ont été faites, tant musicales (opéras, comédie musicale), que littéraires et cinématographiques. Nous retiendrons notamment le film sorti en 1956, réalisé par Jean DELANNOY avec comme protagonistes Gina LOLLOBRIGIDA dans le rôle d’Esmeralda et Anthony QUINN dans celui de Quasimodo.

La cour des Miracles par Gustave DORÉ

Les cours des Miracles

Mais revenons à la cour des Miracles en tant que telle, plus précisément les cours des Miracles. En effet, Paris, aux XVI et XVIIe siècles, aurait compté une douzaine de cours, poches de pauvreté, fréquentées par des brigands et des pauvres gens (rue des Francs-Bourgeois, rue Saint-Honoré, rue de la Grande Truanderie, etc.). Chaque grande ville en possédait une ou plusieurs selon sa taille. La plus grande, appelée le fief d’Alby ou Grande cour des Miracles, était située au nord des Halles, sur un vaste espace compris entre les rues Montorgueil et Saint-Sauveur, et entre les portes Saint-Denis et Montmartre.

Le fief d’Alby ou Grand cour des Miracles, au nord des Halles

Pourquoi ce qualificatif de cour des Miracles ? Au matin, tous ces pauvres gueux (mendiants, voleurs …) quittaient leur cour pour la journée et se rendaient dans les « beaux quartiers » pour, dans le meilleur des cas, apitoyer les passants, les faire rire, mais aussi pour les dépouiller de mille manières. Chacun avait sa spécialité comme nous le verrons plus loin. Au soir, comme par magie, les blessés retrouvaient l’usage de leurs membres estropiés et les malades la santé. Un vrai miracle !

Des ensembles organisés et hiérarchisés

Ces cours des Miracles étaient bien organisées et extrêmement hiérarchisées. Dans le fief d’Alby, réseau de ruelles tortueuses et boueuses avec en son centre une grande place, vivent plusieurs centaines de personnes, sans se soucier des lois ou de la religion. Ses habitants sont appelés les argotiers. Ils rendent compte à leur chef, le grand Coësre. Il porte un bonnet orné d’emplâtres en forme de couronne faite le plus souvent en bouchons. Il est vêtu d’une cape d’Arlequin. En guise de sceptre, il tient dans la main gauche un bâton de pommier et une rapière pend à son côté droit. Dans les grandes occasions, assis sur son demi tonneau, il plante sa bannière près de lui. Elle représente une fourche aux dents de laquelle pend une charogne.

Le grand Coësre. Gravure extraite du Recueil des plus illustres proverbes de Jacques LAGNIET, Paris, 1663

Les argotiers ont comme obligation de lui verser un « impôt » prélevé sur les larcins et aumônes récoltés dans la journée. C’est lui aussi qui accepte ou refuse l’intégration d’un nouvel habitant. Le grand Coësre est secondé par des lieutenants appelés cagoux. La formation des argotiers et l’enseignement de leur langage, un jargon qui donnera naissance à l’argot, sont assurés par les archi-suppôts, généralement des anciens étudiants ou moines défroqués qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans la société. Ils sont exemptés de l’impôt. Ce sont parmi eux et les cagoux que les argotiers élisent chaque année leur grand Coësre.

Une foule de mendiants

Vient donc après, toute la foule de mendiants et de voleurs chargés de ramener argent et nourriture à la cour. Selon ce qu’ils rapportent, ils occupent une place plus ou moins importante. Les coupeurs de bourse représentent une « élite ». Pour obtenir ce statut, il faut passer deux épreuves appelées chefs d’œuvre. Viennent ensuite et nous ne citerons que ceux-ci tant la liste est longue :
– les narquois : faux soldats simulant des mutilations reçues au service du Roi,
– les malingreux : faux malades,
– les francs-mitoux : faux malades simulant des crises d’épilepsie,
– les piètres : faux estropiés,
– les milliards : voleurs à la tire de provisions,
– les marfaux ou marjauds : souteneurs,
– les orphelins : jeunes garçons presque nus chargés de trembler de froid même en été,
– les coquillards : faux pèlerins arborant une coquille Saint Jacques …

Après plusieurs tentatives infructueuses, il faut attendre 1784 et un édit royal ordonnant la destruction de toutes les maisons du fief d’Alby pour mettre fin à la Grande Cour des Miracles.

Claude PHILIPPE

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